Le Comité de salut public de la Convention nationale

LE COMITÉ ET LA DIPLOMATIE 309

der à prendrel’Alsace, puis parce queson intérêt lui conseillait dese fortifier dans sa récente conquête polonaise. Il est tout naturel que le Comité de salut public ait cherché àtirer parti de cet antagonisme. Déjà, en septembre 1792, en ne poursuivant pas, après Valmy , l’armée prussienne démoralisée, Danton laissait entendre qu’il considérait l’inimitié de la Prusse comme passagère. Il pensait encore de même. Le ministre Le Brun mit l’agent Desportes, nommé quelque temps auparavant ministre plénipotentiaire près le duc de Wurtemberg, en relation avec le baron d'Esebeck, ministre du duc de Deux-Ponts ; celui-ci avait été arrêté et emprisonné à Metz; en échange de la liberté, il offrit ses bons offices pour la paix avec la Prusse. Desportes reçut d'abord un passe-port pour voyager en Allemagne, et conféra à Metz avec le duc de Luxbourg, chambellan du roi de Prusse. Bientôt les bruits de paix devinrent si persistants qu’il en fut question à la Convention. Garat parla d’une lettre datée de Landau, relative à un échange de prisonniers qui s'était accompli de la manière suivante : « Le maire présenta un exemplaire de la Constitution à l’aide-de-camp prussien, qui en parut fort satisfait et qui assura qu’il le remettrait à ses supérieurs. L'échange eut lieu. Notre cartel portait : La République française au roi de Prusse. Celui qui nous fut envoyé portait : Le roi de Prusse à la République francaise. Et les agents de ce roi ont signé. »

Ainsi, un résultat considérable avait été obtenu : la reconnaissance de la République française par le roi de Prusse. Au fond, il n'y avait rien d’invraisemblable à ce que Frédéric-Guillaume, qui, ainsi que le disait Desportes, avait tiré de son alliance avec l’Autriche tout ce qu’elle pouvait lui donner, en particulier une