Le Comité de salut public de la Convention nationale

HISTOIRE INTÉRIEURE DU COMITÉ DE SALUT PUBLIC 35

torité qu'il avait acquise dans le district puis dans le club des Cordeliers contribua à le faire connaître et à le rendre populaire. Après la journée du 10 août, à laquelle il avait participé, l’Assemblée le nomma ministre de la justice, mais il renonça à ses fonctions pour celles de représentant à la Convention, auxquelles le département de Paris l'avait appelé. Dès lors, soit à la tribune de l’Assemblée, soit dans les missions, soit au Comité de défense, il joue un rôle prépondérant et devient un des chefs écoulés de la Montagne.

Des vues politiques larges et élevées, un patriotisme ardent, la connaissance des affaires et des hommes, un jugementsüret rapide, loujours au service de solutions pratiques, l'esprit de décision, une éloquence de tribun soulevant les foules, tout en fait l'homme d'Etat le plus remarquable, après Mirabeau, de la Révolution française. Il en est aussi le plus sympathique, autaut par ses faiblesses que par ses qualités personnelles: un cerlain oplimisme, une grande confiance dans autrui, une franchise pleine de bonhomie, le goût des plaisirs, un peu d’indolence, l’insouciance du danger, le courage dédaigneux, celte gaité gauloise qui ne l’abandonnera même pas sur l'échafaud, enfin cette générosité et celte humanité qui faisaient le fond de sa nature et qu'il essayait de dissimuler sous des formes brutales.

Son ami DELACRroIx était un avocat normand, né à Pont-Audemer (1754), et envoyé par le département d’Eure-et-Loir à la Convention. D'une stature gigantesque (1), de belle figure, et d’ailleurs sans qualités exceptionnelles, Delacroix était l'homme de Danton,

(1) Lorsqu'il fut arrèté, un royaliste dit, en le voyant entrer