Le drame serbe : octobre 1915 - mars 1916

34 LE DRAME SERBE

bien que la Serbie les reçoit avec tout son cœur, Nisch s'est parée comme pour une fète. La pauvre, elle s’est parée, comme une fille tzigane qui n'aurait pour tout bijou que quelques rubans de couleur et les fleurs des champs. Le dernier village de France recevrait avec plus d'ornements son souspréfet en tournée. Et pourtant à Nisch, l’effort fut immense et touchant. Car il n'ya rien ici, comprenez-vous, rien. Il n'y a pas de bois pour les poteaux, où s’accrochent les écussons et néanmoins on a dressé des poteaux. Il n'y a pas de chanvre pour les cordes qui supportent les banderolles et néanmoins on a tendu des banderolles. Il n'y a pas d'étamine pour faire des drapeaux et pourtant on a fait des drapeaux. Comme il n'y avait plus d'hommes — puisque tous sont au combat — pour monter les ares de triomphe, on commanda pour ce travail des prisonniers hongrois. C'est à peine si les chaleurs de l’été ont endormi l'épidémie qui durant des mois avait fait de Nisch la ville du typhus. Kt déjà un nouveau fléau,