Le drapeau du 27e régiment d'infanterie
FLEURUS 23
pour commander aux corps de l'aile droite, le général Jourdan. L'ordre des représentants est d'organiser une armée de 100,000 hommes, qui sera massée d'abord près de Charleroi, pour marcher ensuite contre Namur, la seule communication directe des Impériaux avec le Rhin.
Jourdan part aussitôt de Melz, son quartier général, pour rassembler sur la Chiers un corps d'élite de 42,000 vieux soldats ; il remet au général Moreau le commandement des recrues qui restent dans les camps de la Moselle, et le 21 mai il commence le mouvement par une marche résolue sur Arlon. Peu de jours auparavant, une expédition du général Hatry vers la Meuse avait été repoussée par les Autrichiens ; mais cette fois, leur chef, l'habile Beaulieu, était surpris : il passa la rivière et se retira sur Namur laissant quelques postes qui furent culbutés. Jourdan ayant posté à Arlon la division Hatry, forte de 14,000 hommes, continua hardiment sa marche ; le 29 mai, il traversait à son tour la Meuse et prenait le chemin de la Sambre. Mais il avait besoin de quelques jours pour réorganiser ses forces avant d'attaquer Charleroi, où les armées du Nord et des Ardennes avaient prématurément commencé leurs opérations. Le général arrêta done son armée à Estave, et y prit position, pendant que la division Hatry, dont faisait partie notre 1# Bataillon, rejoignait à marches forcées.
Cependant les cinq divisions des généraux Desjardins et Charbonnier, réunies depuis quelques jours, avaient déjà tenté deux fois le passage de la Sambre; le 24 mai, Kléber culbutait les Impériaux à Erquelines; le 27, Marceau enleva Marchiennes. Mais le 30 au matin, le représentant Saint-Just, en mission à l’armée du Nord, ordonnait à nos colonnes, au nom de la Convention, de passer immédiatement sur la rive gauche pour investir Charleroi, sans attendre l’aide de Jourdan. Une telle imprudence devait nous être fatale; pendant que notre faible artillerie, à peine installée,