Le Général Moreau (1763-1813)

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enleva aussi la jambe gauche. Le général supporta bravement les souffrances de ces deux cruelles opérations. Craignant pardessus tout de tomber aux mains de son rival victorieux, il suivit les Alliés dans leur retraite, porté sur son brancard auquel on avait adapté des rideaux. Quelque espoir de Île sauver, mais bien faible, restait alors à ses amis.

Si l’on en croit Swinine, le moribond manifesta une joietrès vive de la défaite infligée le 30 août à un des corpsde l'arméefrançaise. Ce jour-là, Vandamme, chargé de couper la retraite à Schwartzenberg, mais mal soutenu, fut lui-même cerné et dut déposer les armes à Kulm en Bohême. Le vaillant guerrier fut emmené prisonnier à Prague. Sans égard pour son malheur, le czar et le grand-duc Constantin l'insultèrent ; le grand-duc lui arracha même son épée. On refusa de lui laisser son aide de camp,on le mena dans une voiture découverte pour le faire huer par la populace. De toutes ces infämies Moreau, selon Swinine, ressentit un très grand plaisir.