Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

CHAPITRE SEIZIÈME. 235

soldat ne connaissait guère d'autre chef que celui de son village; et les chefs eux-mêmes, jaloux de leurs droits, donnant souvent entre eux l'exemple d’une rivalité à main armée !, ne s’apaisaient que sous l'œil du souvérain, et n'acceptaient de suprématie que celle de ce dernier. Un seul corps commença de présenter une sorte d’homogénéité, c'était celui des perianiks ?, créé par le vladika Pierre Il. Ils furent chargés à la fois de servir de garde au prince , d'exercer la police et de veiller à l'exécution des lois. Plus tard, son successeur Danilo institua une sorte de garde formée d'hommes d'élite, éprouvés dans les guerres précédentes, et qui, en diverses occasions, rendit de signalés services. En 1853, le même prince ordonna l’inscription régulière des hommes âgés de dixhuit à cinquante ans, constituant ainsi les premiers éléments d’une véritable armée, dontil resta le commandant en chef; il créa d'autre part des cadres qui comprenaient des capitaines (capitani) préposés au commandement des plemena; des centurions ( stotinatchi) ayant sous leurs ordres des compagnies de cent hommes, et des décurions (decetchani) dirigeant des pelotons de dix hommes. Il y avait en outre dans chaque compagnie un porteétendard ou bariaktar. Danilo institua également des serdars pourvus d'un grade analogue à celui de colonel

! Pierre fer, pendant tout le cours de son règne, lutte contre des abus si contraires au bien général du pays, et, de son lit de mort, recommande encore la concorde aux chefs qui l'entourent pour recevoir ses dernières volontés. :

? Le nom de perianik vient de perianitza (plumet-aigrette), parce que ces gardes portaient à leur bonnet une aigrette ou perianitsa semblable à celle du kalpak des anciens Serbes. Le corps des perianiks fut primitivement fixé à cent hommes; on se faisait un honneur, comme aujourd'hui encore, d'y appartenir.