Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

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et des voïvodes (ducs) remplaçant les généraux. Le corps de la garde, dont le noyau s'était formé sous Pierre I}, fut augmenté dans des propoïtions relativement considérables, et finit par constituer cette troupe d'élite qui, dans la sanglante journée de Grahovo, devait assurer la victoire aux Monténégrins.

L'armée fort peu régulière que le prince Danilo tentait de substituer aux bandes indisciplinées de la MontagneNoire, n’était du reste en aucune façon exercée, soit au maniement des armes, soit aux évolutions : on n'avait d'autre but que de mettre chacun à même de savoir à qui il appartenait, ou plutôt qui il devrait suivre quand il s'agirait de marcher à l'ennemi. La guerre terminée, ces troupes improvisées n'avaient qu'à rentrer dans leurs villages, après avoir partagé avec leurs chefs et avec l'État le butin fait sur l'ennemi, et à reprendre jusqu'à nouvel ordre les travaux de la campagne. Pendant la paix, les stotinatchi restaient comme juges dans leurs districts; les voïvodes et les serdars passaient le plus souvent au sénat.

Les Monténégrins eurent de bonne heure les armes qu'ils portent encore aujourd’hui, c’est-à-dire le yatagan ou handjar, deux pistolets, le long fusil albanais ou douga pouchka et une cartouchière. À l'exception de la poudre qui leur était donnée, ils faisaient pour tout le reste la querre à leurs dépens, le butin seul compensant les pertes éprouvées pendant les hostilités. Nous avons vu que les femmes elles-mêmes, chargées d'approvisionner les combattants de vivres et de munitions, et de les seconder à l'occasion sur le lieu du combat, payaient de leur personne et participaient à la défense du pays.

Les Monténégrins avaient à la vérité un moyen de faire