Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

CHAPITRE SEIZIÈME. 437

amplement payer aux Turcs le temps que ceux-ci leur faisaient perdre à la guerre, et les conséquences toujours désastreuses de celle-ci : c'était l'organisation de ces tchetas où bandes armées qui, sous les ordres d'audacieux capitaines, passaient à tout moment la frontière , et s’en allaient, souvent au loin dans l'intérieur des provinces ottomanes voisines , couper des têtes, enlever des armes, des chevaux et des troupeaux, ou même ravir les femmes de leurs ennemis. L'histoire des tchetas monténégrines n’est qu'une suite d'héroïques légendes où le vrai le dispute à l'invraisemblable, et dont les récits défrayent les soirées des montagnards. Les édits sévères du prince Danilo, non moins que les changements survenus dans les rapports politiques de la Turquie et de la Principauté ont, au grand regret des Monténégrins, suspendu presque complétement ces expéditions aventureuses, bien faites pour entretenir l'esprit guerrier, mais trop capables aussi de perpétuer des haines séculaires. À l’époque dont nous parlons, il n’était guère queslion d'artillerie pour le Monténégro ; les seuls canons dont on se servit, en de rares occasions, étaient des pièces enlevées aux Turcs, et faisant plus de bruit que de mal à l'ennemi contre lequel on les retournait. L'organisation militaire très-simple imaginée par Danilo, maintenue par son énergique volonté, et mise à profit par son frère Mirko, ne fut point étrangère sans doute aux succès qui signalèrent la fin du règne de ce prince; mais les événements de 1862, pendant lesquels les troupes d'Omer-Pacha firent déjà un meurtrier usage des armes de précision, démontrèrent péremploirement aux Monténégrins que le courage n'est pas fout aujourd'hui dans les FRAIS