Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

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et que le temps du douga pouchka était passé. Cependant l’état des finances du pays ne permettant point lachat des armes perfectionnées dont on avait un besoin absolu, une loterie fut organisée en France au profit du Monténégro, avec l'assentiment du gouvernement impérial, et son produit permit à la Principauté de faire l'achat de douze mille carabines Minié , lesquelles furent distribuées aux hommes qui, par leur âge et leur adresse au tir, paraissaient les plus aptes à rendre d’utiles services. Mais ce n'était pas tout : ce système nouveau pour les monfagnards exigeait la confection délicate et la conservation de cartouches spéciales, tandis qu'auparavant chaque combattant se chargeait de fabriquer les siennes; il fallait aussi compter avec le prix élevé des munitions, et veiller à l'entretien et aux réparations de ces armes précieuses, double soin dont les vieux fabricants de fusils à pierre ne pouvaient en aucune façon se charger. Ces questions bien accessoires dans un grand État, acquéraïient une importance extrême dans un pays étroitement enclavé entre de puissants voisins, qui surveillaient attentivement le passage des armes et des munitions, et pouvaient, au moindre prétexte, mettre linterdit sur leur transport. Dans cette circonstance, le prince Michel Obrenovitj rendit au Monténégro un signalé service, en lui envoyant, en 1866, le mécanicien-armurier Vladimir Ilich, homme extrêmement habile et ingénieux qui, avec les plus mesquines ressources, mais en déployant un dévouement digne des plus grands éloges, réussit à créer, à Obod, à la source même de la Tsernoiévitja-Riéka, une sorte de petit arscnal, où il se consacra à l'instruction pratique d’un certain nombre de Monténégrins, dont il ft des ouvriers