Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

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enirerait cn campagne avec une réserve de près de dix millions de cartouches, c’est-à-dire plus de quatre cents par combattant !.

Après avoir organisé un service complet d'instruction pour l'armée monténégrine, le commandant Yovanouit; retourna dans son pays, confiant à ses lieutenants une tâche qu'ils remplirent pendant cinq années avec autant de dévouement que de succès. Aujourd'hui, si les troupes monténégrines n'offrent point dans leurs manœuvres l’ensemble automatique des grandes armées européennes, au moins présentent-elles un ordre suffSant pour évoluer dans les montagnes où la perfection des mouvements serait un avantage tout à fait illusoire, ct une cohésion assez grande pour prévenir ces débandades qui pouvaient, à de certains moments, laisser le chef tout seul en face de l'ennemi.

Le Monténégro ne pouvait voir sans jalousie les perfectionnements incessants apportés aux armes de guerre, et l'introduction du fusil à rétrocharge dans la plupart des troupes européennes. Aussi, lors de son passage à Vienne, à son retour de Russie, au mois de février 1869, le prince Nicolas, ayant accepté un système

! Ce qui ne manquait jamais aux Monténégrins, dans leurs anciennes Guerres, c'était le courage; mais à tout moment la poudre faisait défaut; aussi quelle fortune quand on en recevait! Un péesma raconte un épisode de ce genre survenu pendant le long blocus que Mehmet-Begovitj ft subir au Monténégro sous le règne de Vassili-Petrovitj. « Tout à coup nos jeunes héros se lamentent; ils n’ont plus ni plomb ni poudre. Passant au pied de leurs retranchements, qui ne vomissent plus la foudre, les hordes turques s'en vont brûler les villages. Mais Dieu nous envoya un secours inattendu : malgré les sévères défenses du doge de Venise, un étranger ous apporta et nous vendit en une nuit plusieurs milliers de cartouches. Ravis à cetle vue, les fils de la Tsernagore se mirent à danser de joie, en chantant des airs de triomphe. » (G'rlitsa de Tseltinjé, +. II, 1836.)