Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

448 - LE MONTÉNÉGRO CONTEMPORAIN.

d'artillerie. Dans les temps anciens même, l'infanterie seule existait; plus tard, sous le prince Danilo, la prise de quelques canons enlevés aux Turcs donna l'idée de les utiliser, ce que l'on fit du reste sans grand succès '. Et puis, l'artillerie exige des dépenses tellement considérables que la principauté se fût trouvée dans l'impossibilité d’y suffire. Aujourd’hui pourtant elle possède deux batteries d’obusiers de montagne offertes au prince Nicolas par feu le prince Michel Obrenovitj, en même temps que le patriote serbe Lazar Trifkowitj, voulant consacrer son admiration pour le peuple monténégrin, y joignait un don de 3,000 ducats autrichiens, destinés à Pachat de cinq cents fusils, de cinq cents sabres et de la quantité de papier nécessaire à la confection d'un million de cartouches.

L'instruction de l'artillerie, commencée par le commandant Vovanovitj, fut confiée ensuite au lieutenant Péjovitj, et aujourd'hui ce corps est dirigé par le voivode Macho Verbilsa, que des études supérieures à celles de ses collèques de l'armée ont rendu seul capable de remplir ce poste plus difficile.

Quant à l'infanterie qui, ainsi que nous l'avons vu, constitue la principale force du pays, malgré sa formation par bataillons, elle a sa véritable unité dans la compagnie, ce groupe de cent six hommes étant beaucoup

1 Ce-n'était que des pièces de position qu'il fallait, à grands renforts de bras, transporter à travers les rochers, et dont on ne pouvait tirer quelque profit que pour les cas très-rares où il s'agissait d'attaquer une redoute ou une forteresse; or, l'art d'assiéger est complétement inconnu aux Monténégrins, la nature s'étant chargée elle-même d'être leur Vauban. On voit encore à Tsettinjé quelques-uns de ces canons enlevés aux Turcs et gisant sur la place publique ou dans la cour du vieux palais, sans qu 0n

ait cru devoir leur réserver les honneurs accordés ordinairement à €e genre de trophées.