Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

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utilisant l'adresse et la légèreté monténégrines, couronnaient les hauteurs les plus inaccessibles, et tantôt par des cris, tantôt par des coups de pistolet, annoncaient aux leurs ce qui se passait du côté de l'ennemi. Quand l'occasion paraissait favorable, les montagnards débouchant à la fois de toutes les anfractuosités des rochers, le fusil dans une main, le yatagan dans l'autre, se jetaient aveuglément sur l'ennemi, ne songeant plus qu'à se couvrir de gloire et à rapporter le plus grand nombre possible de têtes, ou même, si ces trophées sanglants se trouvaient trop embarrassants, à garnir leurs ceintures de nez et d'oreilles tranchés sans pitié sur le champ de bataille. Souvent les Monténégrins, pour tromper l'ennemi sur leur force véritable ou sur leur position, plaçaient sur des pointes de rochers leurs bonnets rouges qui aitiraient l'attention et le feu des Tures, tandis qu'eux-mêmes, profitant de cette erreur, tombaient à Pimproviste sur ces derniers. La question des repréSailles qui ne cessèrent d'être exercées, dans les guerres de la Turquie avec le Monténégro, entre les deux partis, ayant été antérieurement traitée, nous n'avons plus qu'à signaler ici la réaction qui tend de plus en plus à se faire contre ces usages barbares, et les résultats heureux des prohibitions prononcées à ce sujet par Pierre II, par Danilo [*, et, à leur exemple, par le prince Nicolas. Du reste, une fois que l’enivrement du combat a cessé pour le Monténégrin, il redevient clément et généreux pour les prisonniers, car les froides cruautés n’appartiennent point à son chevaleresque caractère.

La nature s'est chargée en Tsernagore de suppléer aux citadelles et aux fortifications de tout genre qui servent aux autres peuples à garder l'entrée de leur pays:onne