Le Monténégro contemporain : ouvrage orné d'une carte et de dix gravures

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CHAPITRE SEIZIÈME. 451

trouverait dans la principauté ni une muraille ni un épaulement construits en prévision du passage de l'ennemi. Quelquefois pourtant on voit les Monténégrins, quand ils occupent une position où ils veulent se maintenir, élever à la hâte quelques petits ouvrages en terre ou en pierre, nommés melerizi, et destinés le plus souvent à protéger leurs postes avancés.

L'alimentation des troupes monténégrines ne saurait même faire l'objet d'une mention. Nous avons vu de quoi se nourrissait le Tsernogortse; de la frugalité de sa vie ordinaire il passe sans transition aux privations de la vie des camps, de même que les fatiques de la guerre ne sont qu'un faible appoint à l'incessante activité de son existence. De solde militaire, il n’est point question pour lui; son titre de citoyen est synonyme de celui de soldat; en combattant pour son pays, il combat pour sa maison, car dans son âme la patrie et la famille trouvent une égale abnégation et reçoivent au même autel ses serments ‘.

A sa force physique considérable, à sa merveilleuse agilité, à son coup d'œil sûr, le Monténégrin joint une intelligence remarquable des choses de là guerre. On peut même dire que le déploiement complet de toutes ses facultés a lieu seulement sur le champ de bataille. Toujours en éveil sur ce qui s'y passe, également attentif à ne pas se laisser entraîner à des faiblesses dont il aurait plus tard à rougir, ignorant de la peur, il se plaît aussi

1 Avant la réorganisation de l'armée, les capifaines touchaient une indemnité annuelle de 20 talari (100 francs) et les porte-étendard une indemnité de 5 talari. Ces faibles sommes étaient destinées à couvrir les dépenses que pouvaient entrainer les déplacements auxquels ces fonction naires étaient exposés.