Le Monténégro
politique. La part glorieuse prise par le prince Nicolas à la guerre d'Orient, en 1877-1878, valut au Monténégro de voir son indépendance reconnue. Le traité de San Stefano lui fit large part en lui accordant une rectification de frontières avantageuse auxquelles le Congrès de Berlin trouva le moyen d'apporter de nouvelles modifications en restreignant les limites qui eussent élargi le domaine territorial du vaillant Etat. Malgré tout, celui-ci a fait sa trouée dans les montagnes et possède aujourd'hui deux rades sur l’Adriatique, celles d'Antivari et de Dulcigno.
A cette heure, on ne parle que de paix. Cette paix sera-t-elle de longue durée ? Le prince le désire ; Dieu seul le sait qui tient dans ses mains les destinées humaines. J'ai la conviction que si la guerre rappelait un jour sous les armes les hommes de la Tzernagora, l'épée du Monténégro serait d’un grand poids dans la balance des victoires. Car, et je me range à l’avis de M. Joseph Reinach, ce n’est pas dans les cabinets des hommes d'État, c'est sur les champs de bataille que se décidera sans doute le problème de l'avenir de la Serbie. Un jour ou l’autre surgiront des événements imprévus, à la suite desquels les slaves de la péninsule balkanique verront se réaliser les espérances nationales longtemps caressées.