Le mouvement des idées : sur une histoire de la Révolution
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vons-la donc comme noté auteur nous y convie, dans quelques-unes de ses manifestations :
Tous les historiens se sont demandé comment et pourquoi l'effort révolutionnaire, à ses débuts, s'était un jour concentré contre la Bastille: et chacun a expliqué le fait à sa manière. Si nous lisons le chapitre qu'a consacré M. Kropotkine à cet important événement, nous voyons qu'à l'origine, il y a eu une sorte d'appel au peuple, c'est-à-dire à l'insurrection, de la bourgeoisie, - qui le laisse s’armer, en même temps qu’elle s’arme F elle-même pour maîtriser le flot populaire et l'empêcher d'aller « trop loin. » (P. 77) Invité de la sorte à desL cendre des faubourgs, le peuple pourrait hésiter sur la l marche à suivre; mais il n'hésite pas. Son « instinct » L l’avertit que « dans le plan de la Cour d’écraser l’in| surrection parisienne, la Bastille devait jouer un rôle | important » (p. 101); et, « sans ordre de personne, L guidé par son instinct révolutionnaire » (p. 110), il marche droit sur la Bastille, qui n'était pas préparée à résister. Au surplus, n’était-elle pas le signe ou le symbole des pires abus qu'on voulait abattre? des arrestations arbitraires, des lettres de cachet, de tous les attentats à la liberté individuelle? Et donc, on n'aurait pu mieux choisir. Les ergoteurs auraient peut-être hésité. Le peuple, lui, n'hésite pas, — parce qu'il est infaillible — M. Kropotkine n’en doute pas, et, si peu qu'il emprunte à ses prédécesseurs, il cite, en l’'approuvant, une phrase de Louis Blanc qui exprime éloquemment cette espèce de foi mystique : « L'émeute même, en ces jours incomparables, faisait sortir de son tumulte de si sages inspirations! Chaque sédition était si pleine de pensées ! » (P. 224.)
Cet instinct, qui pousse le peuple contre la Bastille, continue à le guider dans les moments difficiles. Il en est comme illuminé. À tel point que, peu de temps après la fête de la Fédération, il prévoit déjà « le jour