Le mouvement des idées : sur une histoire de la Révolution

LE MOI IT DES IDÉES spécialement le rôle du peuple dans e mouvement : « Des deux courants qui fr Révolution, nous dit-il, celui de la pensée est co _ mais l’autre courant, l’acéion Populaire, n'a mé pas été ébauché. » (P. 5.) Voilà qui est assez dur P Louis Blanc, Michelet et quelques autres, C’est que tous sont encore des « bourgeois », incapables de s détacher tout à fait de l’idée de propriété, — et il est _ plus difficile à des bourgeois d'écrire l'histoire popu: Di: laire de la Révolution qu’aux riches d'entrer dans le royaume des cieux et qu'aux chameaux de passer par le trou d’une aiguille! M. Kropotkine se hâte d'ajouter, | pour que ses lecteurs sachent bien à qui ils ont M de _ affaire : « A nous, descendants de ceux que les con- L _ temporains appelaient les « anarchistes », d'étudier ç _ courant populaire, d’en relever, au moins, les traits essentiels. » NN Ce qui m'a le plus frappé dans l’idée que M. Kro_potkine se fait du peuple, et surtout du peuple en _ révolution, c'est qu'il ne le regarde pas comme une . _ collectivité formée d'individus indépendants d'elle, : dont chacun à sa valeur, sa personnalité, ses idées, _ ses mœurs : il le regarde, au contraire, comme un Orgaa nisme, qui paraît avoir un cerveau, une pensée, une sensibilité unique et rayonnante. Son peuple possède, | collectivement, des facultés et des vertus qu’ignorent, } pris en particulier, chacun des êtres qui le composent _ il ressemble à un « dieu », ou plutôt peut-être à une « divinité »; et M. Kropotkine croit en lui, avec une sorte de ferveur mystique. Comme ces panthéistes qui sentent le souffle divin animant toutes les choses, il reconnaît partout l’action miraculeuse de l’âme popus n laire, C’est elle qui prévoit ou prépare les événements, elle qui voit clair là où les chefs tâtonnent ou s'égarent, elle qui découvre les complots de la réaction et les fait :

avorter, elle qui commande, qui juge et qui punit. Sui- ei

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