Le mouvement des idées : sur une histoire de la Révolution

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LE MOUVEMENT DES IDÉES

surveille et conduit le procès du Roi, quand l'invasion étrangère met en péril le pays et la Révolution. Les Girondins, et plus tard les Jacobins, se seraient arrêtés à mi-côte sans le concours de ceux qu’on appelait parfois « les anarchistes », et qui étaient la pure incar-

nation du génie populaire. Que sont-ils au Juste 722

« .…. Des révolutionnaires disséminés dans toute la France. Ils se sont donnés à la Révolution corps et âme; ils en comprennent la nécessité; ils l’aiment et ils travaillent pour elle... Leur vrai terrain, c’est la section, et surtout la rue. À la Convention, on les voit dans les tribunes, d’où ils dirigent les débats. Leurs moyens d'action, c’est l'opinion du Peuple, — non pas « lopinion publique » de la bourgeoisie. Leur vraie arme, c'est l'insurrection. Et quand il faut donner un coup de collier, enflammer le peuple et marcher avec lu contre les Tuileries, — c'est eux qui préparent l’attaque et combattent dans .les rangs. » (P. 453-54.) = Ainsi, à mesure que la Révolution se développe et devient plus violente, son noyau dirigeant se rétrécit : à l’origine, c'était la nation: puis ce fut le peuple; c'est maintenant cette petite fraction du peuple qui soulève la rue, ce sont des meneurs inconscients et irresponsables, qui disparaissent dès que l’émeute s'apaise et reviennent aussitôt qu’elle peut recommencer!

Ce qui anime « le peuple », tel que le comprend M. Kropotkine, c’est la passion de légalité : non pas tant celle de l'égalité devant la loi, qui est la justice, que celle de l'égalité économique, « ou, pour parler le langage du temps, le nivellement des fortunes. » (P. 454.) Le peuple veut qu'il n’y ait plus de pauvres, et surtout qu’il n’y ait plus de riches. Il est « commu niste » dans l’Âme ; et nous apprendrons plus tard que, Si nous devons à la Révolution « deux grandes conquêtes, l'abolition du servage et l'abolition du pouvoir absolu », (p. 740), élle « nous a légué d’autres prin-