Le pacte de famine, histoire, légende : histoire du blé en France

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ressante à noter, des historiens révolutionnaires sont obliges, pour établir l'existence du Pacte de famine, d’accuser de mensonge tous les personnages du XVIIIe siècle, excepté le « marlyr » Le Prévôt.

Après les administrateurs viennent les magistrats : ils sont de connivence avec les agents du Pacte de famine : « Le Grand de Melleray, lieutenant général d'Orléans, s’entendait avec le fameux Le Trosne et les conseillers du Bailliage, pour ne pas condamner les accapareurs que l’intendant leur déférait. » Cette fois, M. Doïnel a une preuve ! Que Melleray s'entendait avec Le Trosne ? Non pas, cela sort encore du trésor de son imagination ; — mais que Le Trosne trafiquait sur les grains. Quelle preuve ? Les cris des émeuliers. « Le peuple en plein marché, le tenait comme le premier auteur de sa misère. » Cela suffit à M. Doinel *.

Il est vrai que l'honnêteté de Guillaume-François Le Trosne n'avait jamais été mise en question. Mais quelques imbéciles furieux, quelques pillards, quelques comméres affamées ont hurlé contre lui! Comment résister à une lelle preuve !

M. J. Doinel nous permettra de lui donner sur ce personnage des renseignements qui pourraient infirmer les arrêts des émeutiers

1. «.. Mais, à l'égard des grains, les événemens ne sont jamais isolés aux yeux du peuple. Il voit le gouvernement entre lui et les marchands qui haussent le prix de la denrées ; il lie le renchérissement aux opérations de ladlministration. Accoutumé à la voir se charger de faire passer des grains d’une province à l’autre ; à les tirer quelquefois de l'étranger ; dès qu'ils deviennent chers, le peuple croit savoir à qui s'en prendre. Dispensé, depuis des siécles, de songer au produit suffisant ou insuffisant des récoltes, à l'influence de ces événemens sur les prix, il sait que l’administration s’est chargée de maintenir les grains à un taux commode pour le consommateur ; cet espèce d'engagement est devenu pour lui un titre contre la cherté... Le monopole, qu'à limitation des Romains nous avons cru pouvoir placer au rang des crimes, est évidemment impossible en fait de grains. Si l’on prend ce terme en risueur, #10nopole signifie exactement terduw seul. On sent bien qu'un crime qui supposerait annuellement une avance de plus de 800,000,000 1t, ne peut être commis, ni par aucun* particulier, ni même par aucune fédération de rarticulirs, quelque opulens qu'ils pussent être. Aussi l’usaue a-t-il réservé confusément le nom de monopoleurs à ceux qui savent saisir les circonstances pour acheter et pour vendre avec plus de profit, et par conséquent dans les momens les plus désavantageux aux cultivateurs de qui ils achètent, et aux consommateurs à qui ils revendent. Sous cet aspect, il y a plus que de Paustérité à regarder comme un crime, ce qu’on nomme monopole en fait de grains, ou plus que de l’indulsence à ne pas regarder tout commerce secondaire, ou de revente, comme un monopole ; car il n’y a point de marchand qui ne fasse tous ses efforts pour acheter au plus bas prix et pour vendre au plus haut prix qu'il peut. » (Principes sur la liberté du convmerce des grains, pp. 15 et 24.) — L'auteur de cette brochure, Louis-Paul Abeille, était l’ami de Quesnay et de Malesherbes.