Le pacte de famine, histoire, légende : histoire du blé en France

DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE I 95 d'Orléans. Élève de Pothier, émule de Quesnay, de Turgot, de Dupont de Nemours, avec lesquels il était en relation, ami intime de Condillac, Le Trosne’ appartenait à l’école des économistes qui avaient provoqué les arrêts de 1764. Avocat du Roi au présidial d'Orléans, de 1753 à 1773, il tenait un rang remarquable parmi les jurisconsultes de son époque. Polémiste distingué, ce fut lui qui parvint à rallier à la cause des physiocrates, le fameux abbé Baudeau; ce fut lui qui, après avoir défendu l'arrêt de 1764, dans un ouvrage publie en 1765 : La liberté du commerce des grains, toujours utile et jamais nuisible, le défendait encore, en 1769, dans ses Lettres à un mi sur les avantages de la liberté du comnerce des grains el le danger des prohibitions.

De prime abord, on ne voit pas dans un tel homme un voleur, protecteur de voleurs, un corrupteur de juges, et. à notre sens, il faut autre chose pour le condamner que les hurlements de la populace. Pour arriver à ses fins, M. Dboinel est obligé, non seulement d'attaquer tout le monde, mais encore de torturer atrocement le sens littéral des mots. Ainsi, selon lui, cette phrase : « Sa Majesté vient de déterminer et de résoudre une compagnie connue sous le nom de Malisset, dont l’objet éloit.…. » veut dire que Louis XV venait de créer une compagnie. Il y a bien : « dont l’objet étoit.. » Ce qui voudrait dire qu’ellen’est plus, mais qu'importe ! Est-ce que M.l’Archiviste n'aurait pas mal lu les mots : déterminer et résoudre qui ne sisnifient pas grand'chose et qui s’éloionent d'une facon étonaante de la netteté qu’on est habitué à rencontrer dans les correspondances des administrateurs de l'Ancien Regime. N'y aurait-il pas de «terminer et de dissoudre ? »

Mais laissons ces accusations vagues, ces affirmations sans preuves sérieuses et revenons aux faits positifs : dans le courant du mois d'octobre, des troubles graves éclatèrent à Châtillon-sur-Loing, Romorantin, Gien, Pithiviers, Montargis, Chartres, Étampes, Orléans, ER

A la suite de ces émeutes multipliées, la clameur devint tellement violente, on cria tellement famine et le commerce fut si complètement entravé, que le gouvernement se trouva de nouveau obligé de se charger du soin de maintenir l'abondance ; il fit acheter à l’étran-

1. Né à Orléans le 43 octobre 1728, mort à Paris le 26 mu 1780. 2, Voy. Roubaud, op, cit.,108.