Le pacte de famine, histoire, légende : histoire du blé en France

106 LE PACTE DE FAMINE

du Conseil qui devaient être chargés de l'expédition. Le même jour, à la même heure, on devait s'emparer, non seulement des conjurés, mais encore de tous les papiers concernant « la manœuvre infernale des bleds. » En résumé, Le Prévôt proposait un véritable coup d'État à Paris et dans les provinces.

Les avocats du conseil qu'il désigne sont : Roussel, Damours, Voilquin, Ausonne, Despaulx, Leyridon, le Thinois et Godescart de l'Isle ; ils doivent s'emparer du contrôleur général des finances, Laverdy, de Cromot du Bourg, son premier commis, de Perruchot, de Sartine, le lieutenant de police, de Ray de Chaumont, de Rousseau, de Trudaine de Montigny et de Malisset. «Il falloit encore un ordre à M. le Maréchal de Biron, pour qu'il pût prêter main-forte à ces huit commissaires (les huit avocats au Conseil) quidevoient se rendre au Louvre, après leur expédition, pour examiner entre eux ces papiers et en rendre compte tout de suite au Roï, qui n’auroit pas manqué de faire arrétler les soumissionnaires, les agens et les sous-lraitans, dans toutes Les provinces*.»

Il y avait, dans tout cela, une hallucination à laquelle les émeutes causées par la disette donnaient un caractère des plus dangereux, nous le répétons. Mais que le personnage fût fou ou calomniateur, qu'il fût monomane ou qu'il poussât à la révolte, c'était le devoir de toute administration sage de le mettre hors d'état de nuire.

1. P. Manu:l, La Police de Paris dévoilée, I, 399 et suivantes.