Le pacte de famine, histoire, légende : histoire du blé en France

114 LE PACTE DE FAMINE

ses «ouvrages dénonciatoires, » surtout à son A74 de régner, qu'à sa personne, il démolit son poêle en briques et construit contre sa porte un mur sec de quatre pieds de haut et de dix-huit pouces d’épaisseur, il met son lit derrière ce mur et en scelle les pieds dans le plancher. Ces préparatifs terminés, il attend les assiégeants avec des projectiles, pierres, briques, triques de chêne, etc. Le 15 mars, on lui livre un quatrième assaut: à dix heures du matin, on amène un gros chien et on l’excite à entrer dans la cellule de Le Prévôt, afin de le tuer; mais reçu à coups de pierre sur le museau, le chien se sauve !

À bout de ressources, on entre en pourparlers ; on explique à Le Prévôt que ce n’est pas à Pierre-Encise, ni au Mont-Saint-Michel qu’on veut le transporter, mais à Charenton; aussitôt, notre énergumène se calme et consent à son transfert (15 mars) à l'hospice d’aliènés, pourvu qu’on lui laisse ses papiers.

Il est durement traité par les frères de Charité qui tiennent la maison de Charenton. On a recommandé à son porte-clefs de lui supprimer bois, chandelle, encre, papier. couteau et livres. Il ne doit voir personne, et, par conséquent, il n'ira ni à la promenade ni à la messe. « Aucuns vêtemens, soit de la maison ou des siens ne lui seront fournis, et il n’aura qu'un mince ordinaire, parce que sa pension est réduite au minimum, » à 800 # par an. Cependant, au bout de quatre mois, on lui restitue huit de ses chemises et ses livres de pièté. Ses geôliers laissent sa malle ouverte dans la chambre du marquis de Saint-Huruge qui fait son apprentissage de révolutionnaire en lui volant son linge et en mettant à la place de vieilles loques.

Le Noir et Breteuil font « imprimer clandestinement le premier des sept tomes de l’A7é de règner, dèguisant, défigurant, omettant l’épître dédicatoire au Roi, la préface aux Français... Le tout, sans nom d'auteur ni d'imprimeur.» Au paragraphe suivant, ce n’est plus un volume, mais deux, que Breteuil a publiés et c’est même pour cela qu’il a été reçu « âne honoraire de l’Académie française et de l'Académie des sciences {. »

Au mois de juin 1784, Le Prévot refuse de recevoir le baron de Breteuil, le démon bretolien, auquel il tient rigueur de lui avoir ravi sa place d’académicien. Le 22 septembre, lorsque des membres

4. Le baron de Breteuil ne fit partie ni de l’Académie française, ni de l’Académie des sciences, mais il fut reçu, en 1784, membre honoraire de l’Académie royale des Belles-Lettres,