Le pacte de famine, histoire, légende : histoire du blé en France

198 LE PACTE DE FAMINE

üine. Le 28 janvier 1769, le lieutenant de police autorise Chevalier, major de la Bastille, à communiquer au prisonnier une requête qu’il lui envoie « pour donner à M. Voilquin les observations qu’il demande. » Le 26 avril suivant, on lui fait passer une autre pièce de la part du même avocat.

Le Prévôt dut commencer dans sa réponse la série de ses folies, car le ? mai, M. de Sartine écrivait au major : « Je vous prie, Monsieur, de dire au S. Le Prévôt que la lettre qu'il a écrite à M. Voilquin ne passera pas, parce qu’il y parle de choses étrangères à son affaire avec les Mes d'armes ; vous voudrez bien dire au prisonnier de refaire sa lettre et de n’y mettre aucunes réflexions relatives à sa détention. » Le 11 juillet, on lui envoyait encore la signification d’une requête à laquelle Le Prévôt ne daignait pas répondre, ainsi que le prouve une lettre adressée, le 21 août. à Chevalier, par le lieutenant de police : « M. Voilquin, avocat aux conseils, Monsieur, m’écrit qu'il y a près de six semaines qu’il a fait passer au S. Le Prévôt une signification de requête dans son affaire, entre le sieur Daniel et Danet, qu’on veut juger cette affaire et que le défaut de réplique de la part du prisonnier empêche le jugement. Je vous prie de dire à ce prisonnier de répondre sur cet objet. » Le Prévôt garda encore le silence, et le 13 septembre, le major était avisé qu'il n'y avait point d’inconveénients d’avoir dit au prisonnier que « le S. Voilquin devoit avoir une entrevue avec lui, s'il en avoit le tems ‘. »

Or Voilquin était un de ces huit avocats qui avaient la confiance de Le Prévôt; c'était justement un des commissaires qu'il voulait charger de convaincre les conspirateurs de leurs crimes. On pourrait s'étonner que l'avocat Voïlquin n'ait parlé, ni en 1769, ni à l’époque de la Révolution *?, en faveur de Le Prévôt ; il est plus extraordinaire encore que Le Prévôt n'ait pas appelé à témoigner en sa faveur un homme qui devait bien connaître son affaire. On en peut conclure que Voilquin, malgré la confiance qu'il inspirait à notre héros, n'avait pas grand bien à en dire.

De nombreuses recherches, faites aux Archives nationales, à la Préfecture de police, à l'Arsenal et dans des collections particulières, n’ont pu nous éclairer sur ce procès dont les pièces eussent pu jeter une grande lumière sur la vie privée de Le Prévôt, en

4. Bibl. Arsenal, ms. 7620, fos 49, 69, 65, 103, 152 et 170. 2. Voilquin, avocat aux conseils depuis 1764, exercait encore en 1790.