Le pacte de famine, histoire, légende : histoire du blé en France

DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE V 129

nous donnant exactement sa profession, sa demeure !, et en nous expliquant ce qu’il pouvait bien avoir avec les maîtres d'armes.

Nous ne pouvons que faire des suppositions : Guillaume Danet, écuyer, syndic-garde des ordres de la compagnie des maîtres en fait d'armes des académies du Roien la ville et faubourgs de Paris, avait publié, en 1766, le premier volume de son Art en fait d'armes, dédié au prince de Conti. La même année, un anonyme (La Boissière) fit paraître contre cet ouvrage les « Observations criliques de M***, maître d'armes, au nom de sa compagnie. » Dans cette critique très acerbe, on reproche au traité de Danet de renfermer des « principes nuisibles, dangereux et contraires à l'honneur des maîtres, à leur intérêt personnel et à celui du public. » Danet répondit aux attaques de ses collègues au commencement de son second volume, paru en 1767?. Il est possible que les débats se soient prolongés et qu'un procès en ait été la suite. Mais quel rôle venait jouer Le Prevôt dans cette affaire ? Il n’était ni avocat, ni procureur ; il suffit de parcourir l'A/ranach royal pour s'en convaincre, et ce n’est ni en qualité de secrétaire du clergé, ni comme contrôleur des domaines et bois, qu'il pouvait avoir à intervenir. Nous ne pouvons croire qu'il ait été maître ès armes, et cependant, il a tant menti dans le cours de son existence... ! Peut-être était-il l'auteur des Observations Critiques que La Boissière avait signées ? Dans tous les cas, ce procès nous prouve tout au moins que, malgré sa détention, on n'empêchait pas Le Prévôt de s'occuper de ses intérêts privés; qu'il n’était pas mis au secret, comme on l’a dit, et qu’il est impossible d'admettre que sa famille ait ignoré le lieu et les causes de sa détention, alors qu'on permettait à différentes personnes de lui écrire et même de venir le voir. Le Prévôt n'était pas tellement mort pour le monde que son hôte ne soit parvenu à le trouver et à lui faire passer sa note *.

Nous n’avons pas à démontrer que Le Prévôt fut bien traité à la Bastille, puisqu'il le reconnaît et que, dans son Prisonnier d'État, il nous raconte combien fut grande sa désolation lorsqu'il fallut quitter cette prison où l’on était si plantureusement nourri, si délicatement abreuvé.

1. Le Prévôt devait demeurer dans le quartier du Louvre ou dans celui de SaintGermain-l’Auxerrois ; car il fut arrêté par Mutel, qui était, avec Chenon, commissaire de ces quartiers. Am. Roy., 1768, p. 309.

2. Danet, l'Art en fait d'armes... t. IL. Avis au lecteur, p. VIN.

3. Lettre de Sartine à Chevalier —94 janvier 1769. Bibl. Ars, ms. 7620, {° 8.

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