Le pacte de famine, histoire, légende : histoire du blé en France

DEUXIÈME PARTIE. — CHAPITRE V 133

Le 1er novembre, Le Prévôt devait être plongé dans un de ses accès chroniques de démence, car M. de Saint-Florentin, duc de la Vrillière, écrivait à M. de Rougemont : «Je ne puis, Monsieur, Qu'approuver le parti que vous avez pris à l'égard de M. Le Prévôt ; il paroît que sa tête est entièrement dérangée ; peul-étre cependant que la sévérité dont vous avez été obligé d'user à son égard le retiendra à l'avenir ; ainsi, je pense que vous pouvés le retirer du cachot, maïs en l’avertissant que s’il ne se conduit pas sagement et qu’il veuille faire des entreprises de la nature de celles qui ont donné lieu à le mettre au cachot, le Roy donnera des ordres pour le faire transférer à Bicestre ‘..» On se rendra compte de la bonne foi avec laquelle le rapporteur de la commission des lettres de cachet a reproduit cette lettre, en obsérvant qu'il s’est borné à citer les parties que nous reproduisons en Z{aliques. C’est avec intention que tous les passages relatifs à sa folie sont omis ; et il est certain qu'en ne citant que deux phrases de cette letire, on en dénature le sens général. Nous verrons encore plus loin avec quelle effronterie on tronqua les documents.

Le 14 mars 1771, Le Prévôt écrit de nouvelles injures à M. de Sartine : « Je sais que mes quatre compagnons sont tous en liberté. Le sieur Rinville n'a point fait de mal en me donnant connoissance de tout ce qui fait lé sujet de ma cause. Vous l'avez bien traitée... Mais suis-je plus coupable que lui? Aurais-je pu rien voir s’il ne m'eût rien montré ?? »

Le Prévôt prétend que ses parents n’eurent connaissance de son sort que dix ans après son inçcarcération ; il est vrai qu'il dit autre part qu'en 1786, ses parents présentaient depuis dix ans des requêtes pour obtenir sa liberté, et s’il faut croire le rapporteur du comité des lettres de cachet, la Police aurait mis : Rien à faire, au bas d'une requête présentée, le 29 juillet 1771, par la mère et la sœur de Le Prévôt. Nous pouvons supposer que cette requête devait contenir de nombreux passages qui contredisaient les récits du rapporteur, car il n'eût pas résisté à l'envie de la reproduire et de

1. Arch, nationale, Of, 412, (Ordres du Roy.)

2. Rap. Com. Lettres de cachet. Le Prévôt prétend que Rainville était prisonnier à Vincennes, en 1770; il ne dit pas la vérité, Voici les noms des personnes qui furent incarcérées dans cette prison d'État, pendant le cours de l’année 1770 : d’'Hanry ; Le Prévôt; Thorin; Fabbé Prieur; la Roche-Girault; Maréchal; colonel Rapin; Girard; Langourla; de Boetey; Mercourt; baron de Venac; Tiercelin et le P, Reboul. (Bibl. Arsenal, mss.)