Le pacte de famine, histoire, légende : histoire du blé en France

148 LE PACTE DE FAMINE

il fut traîné bruyamment dans les bureaux des journaux, où ses cornacs le montrèrent comme une victime du despotisme.

Plus heureux que les deux autres vieux embastillés qui furent réintégrés dans une maison de force, lorsqu'il ne fut plus possible de tolérer leur folie qui les porta à dévaliser leurs hôtes, Le Prévôt réussit à vivre librement pendant toute la Révolution, réclamant toujours, mais toujours inutilement.

A peine sorti de prison, il reprend la plume * et fournit aux journaux et aux écrivains la matière de plusieurs articles à scandale.

Le Moniteur en insère un sous la signature A. M. Il est daté des 44 et 15 septembre 1789, mais il parut dans les derniers jours de l’année seulement, le Moniteur, on le sait, n'ayant paru régulièrement qu'à partir du 24 novembre. Dans ces articles, comme dans les livres d'aujourd'hui, il est le martyr Le Prévôt, victime du despotisme, enfermé à la Bastille pour avoir découvert l’infernal pacte de famine.

Ce martyr une fois trouvé, Prudhomme et Loustalot se l’attachent solidement ; et, du 13 février au 10 juillet 1790, la victime du despotisme les fournit d'articles. C’est pour notre fou l'idéal de sa monomanie. Il pouvait enfin écrire, publier, dénoncer! Il en abusa, naturellement. Fatigué de cette furieuse abondance, de l’incohérence de ces dénonciations, de la répétition de ces accusations, Prudhomme, qui était un coquin mais pas un imbécile, interrompt brusquement les révélations de ce confesseur trop fluent de la foi révolutionnaire.

C’est alors que Le Prévôt publie la première édition du Préisonnier d'Etat. En effet, bien que datée de 1789, elle ne parut qu’à la fin de 1790, puisqu'il y fait allusion aux articles précédents *.

Au commencement de 4791, paraît une seconde édition en tout conforme à la première. Elle est datée du31 décembre 1790 : « Paris, rue Jacob, vis-à-vis celle de Saint-Benoît, faubourg SaintGermain, n° 29 5. »

Quel était le but de Le Prévôt ? Il cherche surtout une indemnité pécuniaire, et c'est pour en arriver là, qu'il demande la mise

4. « Dès l'instant, mettant à profit mon loisir, j'ai dressé, pour l’Assemblée nationale et la capitale, mes dénonciations, » Pris. d’État, p. 39.

2. «. Mes dénonciations qui paraissent successivement depuis le n° 30, dans les Révolutions de Paris, publiées par le sieur Prudhomme, » Pris. d'État, p. 39, même affirmation, p. 58.

3. Le manuscrit de cette brochure existe aux Archives.