Le Royaume de Monténégro : avec une carte
L'AVENIR
Dans les chapitres précédents, nous nous sommes efforcé de montrer le Monténégro tel qu’il est actuellement, et nous avons dû étudier, dans chacun d'eux, et aussi exactement que possible, son commerce, son agriculture, son armée, ses finances, sa politique et sa civilisation. De plus, comme nous jugeons impossible d'apprécier le présent sans l’avoir comparé avec le passé, nous avons dû redire la glorieuse histoire de ce minuscule pays.
Envisageons maintenant ce que peut être son avenir, et examinons si, en prenant pour base ses institutions actuelles, le Monténégro pourra normalement se développer comme État. Nous avouons, sans hésitation, que le voyage d’études que nous venons d’y accomplir, et au cours duquel nous avons été assez heureux pour recueillir les renseignements les plus précieux et les plus inédits, nous rend pessimiste à cet égard.
D'abord, les sujets monténéerins sont trop pauvres et les res-. sources du pays trop limitées pour entretenir un roi, sa famille et tout leur entourage de ministres, chambellans, dignitaires, qu’il faut loger dans de somptueux et confortables édifices. Quand on saura que la situation économique et financière du royaume et sa richesse nationale sont à peine équivalentes à celles d’un département de France, on peut se demander si l'habileté politique de Nicolas Ier, même secondée par le dévouement de ses fonctionnaires, sera capable de maintenir le Monténégro dans la voie où il vient de s'engager.
Le royaume, s’il veut occuper au soleil ne fût-ce qu’une toute petite place, devra agrandir son territoire par l'annexion de l’Herzégovine, d'une partie de la Dalmatie, de Novi-Bazar et de Scutari