Le Royaume de Monténégro : avec une carte

96 | LE ROYAUME DE MONTÉNÉGRO

chandises coûtent aujourd’hui beaucoup trop cher dans ce pays sans ressources, et les mesures que prendrait le Gouvernement dans le but d’abaisser les tarifs, seraient chaleureusement accueillies par toute la population.

Nous avons dit déjà, et nous ne saurions trop revenir sur ce sujet, que l'hygiène est déplorable au Monténégro.

Si le Gouvernement décidait l’élaboration d’un règlement d’'hygiène pour les habitations et les personnes, il serait bien diffcile, nous en convenons volontiers, d'en assurer la mise en pratique. Ce ne serait pas, toutefois, impossible. Il suffirait, pour parer au plus urgent, de fonder à Cettigné par exemple, une École de Médecine, où se formeraient des médecins auxquels on apprendrait surtout à guérir les maux qui désolent le pays : la malaria, la tuberculose et la syphilis.

Leurs études terminées, ils seraient répartis dans l’ensemble du royaume, et chaque capitanat posséderait son médecin, qui accepterait, avec joie, un traitement de 1.200 couronnes par an. Si, au contraire, on préférait avoir recours à des praticiens étrangers, il est certain que ces derniers se feraient payer beaucoup plus cher. On créerait une inspection médicale dans chaque district, et l’ensemble de ces mesures répandrait sur le peuple d'innombrables bienfaits.

Les sages-femmes, elles aussi, devraient avoir une instruction spéciale plus solide et suivre des cours dans une école spéciale.

Tout cela demanderait assurément de longs et patients efforts, et grèverait assez lourdement le budget : aussi, nous ne prévoyons guère la réalisation de ces projets dans un avenir rapproché.

Mais ce qu’on peut faire beaucoup plus facilement, c’est d’assainir le pays et de faire disparaître les émanations malsaines qu’engendrent les marais, et qui sont la cause principale de diffusion de la malaria et autres fièvres pernicieuses.

Au moyen de digues, hautes de quelques mètres, et de machines hydrauliques peu coûteuses, on régulariserait scientifiquement le débit nécessaire aux terres ainsi endiguées, que l’eau du lac arroserait quand manquerait l’eau pluviale; on transformerait ainsi les landes du lac de Scutari, par exemple, en champs et en pâturages, qui donneraient de riches récoltes.