Le Royaume de Monténégro : avec une carte

L'AVENIR 97

La rivière Bojana, dans laquelle se déversent les eaux du lac de Scutari, serait approfondie de deux mètres seulement, ce qui serait suffisant pour assurer le drainage de vastes terrains. Toutefois, ces dispositions pourraient présenter des inconvénients en cas de guerre avec la Turquie, car le génie ennemi n'aurait qu'à construire un batardeau pour submerger les pâturages.

Un puissant auxiliaire du développement commercial serait l'application du système de libre-échange avec l'Autriche, ce qui aurait pour résultat de faire disparaître la douane à la frontière de l'empire. Il va de soi qu’un cordon douanier devrait être maintenu à la frontière turque, afin d'empêcher l’écoulement en Autriche, de produits étrangers, par la voie du Monténégro.

Le gouvernement monténéerin pourrait alors demander que 90 % des douaniers à la frontière turco-monténégrine fussent des sujets de Nicolas Ier, ces fonctionnaires ayant pour chefs des Autrichiens.

Nous croyons que les autorités autrichiennes seraient disposées à s'entendre, à ce sujet, avec lui et à lui assurer, sur les recettes, une part à déterminer. Il se pourrait que le Monténégro ne consentît pas à tolérer des douaniers autrichiens sur son territoire, mais ce serait une faute, car si l’accord s’effectuait, il ne pourrait qu'être profitable au petit royaume.

Si, cependant, cette combinaison ne pouvait se réaliser, les gouvernements autrichien et monténégrin pourraient conclure un traité de commerce stipulant des droits d'entrée raisonnables, et les affaires, qui languissent, entravées par des formalités et des complications sans nombre, prendraient peu à peu leur essor.

Le Gouvernement rêve d’un Antivari port libre et florissant; mais pour cela, cette ville devrait communiquer facilement et à peu de frais avec Bari en Italie; la poste ne devrait pas partir trois fois par semaine, mais tous les jours, et cet Antivari devrait constituer la tête de ligne d’un service de vapeurs régulier (ne fût-il que mensuel au début) avec les ports de la Mé‘ diterranée et de la mer Noire, Athènes, Tripoli, Constantinople, Marseille. Encore une fois, ce ne sont là que des rêves, car on ne voit pas du tout par quel moyen on pourrait se procurer les fonds nécessaires. Aussi ce port restera longtemps encore

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