Le Saint-Siège : l'Espagne et la France : le différend religieux entre Madrid et Rome, les mariages espagnols

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«Monsieur le Ministre, lit-on dans la dépêche de Rome, du 5 septembre, 1844; la publication dans les journaux du décret de la Reine d'Espagne, qui suspend la vente des biens du Clergé, m'a fourni l’occasion de revenir près du Cardinal Lambruschini sur la question espagnole. J'ai trouvé Son Eminence assez mal disposée. Le Cardinal, se prévalant de ce que le décret ne comprend pas dans la suspension les biens des communautés d'hommes, le regarde comme une mesure incomplète, venue beaucoup trop tard pour être vraiment réparatrice, n'ayant au reste qu’un caractère provisoire, puisqu'elle doit suivre les chances d’une discussion devant les futures Cortes, dont on ignore quel sera l'esprit. Ce sont d'ailleurs toujours les mêmes craintes sur l'existence du système actuel qui ne paraît pas encore assez solidement établi pour qu'il soit permis d'espérer qu’une négociation entamée par le Saint-Siège ne serait pas brusquement interrompue par le renversement du Cabinet qui l'aurait commencée. On prétend ici, avant de se prononcer, vouloir connaître le résultat des élections ainsi que l'attitüde que prendront les nouvelles Cortes, et nous ne devons pas nous dissimuler qu’il faudra que l'avenir présente bien des gages de sécurité pour dissiper l’excessive défiance que la Cour de Rome professe, ou affecte de professer, à l'égard de l'ensemble des affaires espagnoles.

Je commence à croire que pour mettre un terme aux lenteurs - et aux ajoürnements sans cesse reinassants qu'on opposera probablement pendant longtemps encore aux ouvertures isolées et confidentielles de l'Espagne, il sera nécessaire que L Gouvernement de ce pays ait recours à une démarche décisive comme serait, par exemple, la demande de notre médiation de manière à nous mettre en mesure de parler à Rome hautement et officiel. lement. Mis ainsi en demeure, le Saint-Siège devrait nécessairement articuler ses griefs et, comme la plupart de ceux qu'il aurait pu mettre en avant, il y a quelque temps encore, n’existent plus, comme d'un autre côté il n’oserait avancer les causes secrètes de ses hésitations actuelles, nous pourrions espérer vain-

cre sa résistance qui n’est fondée que sur des motifs politiques,