Le système continental et la Suisse 1803-1813
Symptômes alarmants manifestés au début de l’année 1806.
en
mettraient les circonstances, il continua tout à coup sur un ton plus vif; prenant directement à partie un des députés, le Bourgmestre Mérian, il désigna Bâle comme un foyer de contrebande. IL exprima son mécontentement de l'esprit qui régnait dans cette ville, esprit hostile à la France, disait-il, et que personnifiait la famille Mérian. Mérian, parlant mal le français, perdit contenance, resta: interdit et ne put se justifier !.
La députation rentra les mains vides. Tandis que la Suisse remplissait ponctuellement et au prix de grands efforts les obligations que lui imposait la capitulation militaire de 1803, du côté français on ne parla plus du Mémorial.
L'année 1806, année d’émotions violentes et d’anxiété pour toute l’Europe, prit, dès le début, si mauvaise apparence pour la Suisse qu'on pût s’attendre à la voir, elle aussi, disparaître dans la tourmente générale.
La charge de Landamman avait passé entre les mains du Bourgmestre de Bâle, André Mérian, homme honnête et bon, mais craintif, et aussi peu que possible à la hauteur de graves événements. De plus, il avait, vis-à-vis de ses prédécesseurs, le désavantage d’être fort mal vu de l'Empereur qui venait de lui faire sentir son antipathie personnelle?. Il avait à peine revêtu sa fonction et assuré le Médiateur de linvariable dévouement des Suisses à l'égard de leur bienfaiteur, qu’il se trouva en présence d’une situation difficile.
Le 22 février 1806, l'Empereur mettait la dernière main à son œuvre protectiouniste par la prohibition complète des produits manufacturés de coton de quelque provenance étrangère qu'ils fussent. Cette décision plongea les cantons dans la consternation. L’attitude de Napoléon envers un pays allié, dont les seules ressources reposaient sur son industrie, était
1 Tillier I, p. 186.
2 Cette attitude pouvait s'expliquer par le rôle d’un des frères de Mérian qui avait été, disait-on, mêlé à la conjuration anglaise contre Napoléon, dite
de Drake. Basler Neujahrsblatt, 1903.