Le système continental et la Suisse 1803-1813
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Du reste, le cas lui semblait parfaitement clair, Neuchâtel étant encore territoire prussien à l’arrivée des marchandises incriminées, il ne pouvait y avoir eu violation des lois françaises. C’est dans ce sens qu’il rédigea, le 5 avril, deux notes : lune expédiée au Général Oudinot protestait contre les violences accomplies et demandait instamment la relaxation de la propriété suisse; l’autre était destinée à Maillardoz, l’envoyé suisse à Paris.
Mérian était si sûr de son affaire, qu’il ne se laissa nullement troubler par une série de rapports des plus inquiétants du même Maillardoz, lancés avant que la dernière note eût atteint Paris. Ils signalaient l’impression désastreuse produite par la spéculation manquée des Suisses !. Maillardoz, personnellement et vivement pris à partie, avait entendu tomber de la bouche impériale des paroles menaçantes pour l'existence du pays. La situation lui paraissait si mauvaise qu’il se demandait s’il ne valait pas mieux en venir tout de suite à la solution extrême et faire dépendre les destinées commerciales de la Suisse du bon vouloir de la France ?.
La réponse de Mérian fut celle d’un homme rassuré qui ne se laisse pas aller aux surprises d’une première impression. Elle reprochait même, au ministre, en termes assez désagréables, ses craintes exagérées et son défaut de sangfroid #. Maillardoz n’eut pas la peine de justifier ses appréhensions. 1 Notes de Maillardoz du 8-11 et 1% avril 1806.
2 «Quant à moi, je crois que notre commerce, anéanti comme il l’est, pourrait peut-être encore être utile à l’indépendance politique de la Suisse, si, par une mesure de circonstance, on sanctionnait la dépendance de fait. » Ce que Maillardoz entendait par « dépendance de fait » ne ressort pas très clairement de ce message.
Note du 8 avril.
3 «Rien de plus fâcheux, que les conseils surpris par la frayeur. Un homme en place doit avoir la tête froide; je crains que, par attachement pour votre patrie, vous ne vous livriez peut-être à des alarmes exagérées qui feraient quelque tort à la sûreté de votre jugement. »
Note du Landamman à Maillardoz, du 17 avril.