Le système continental et la Suisse 1803-1813
SE
singulièrement rafraichi la fièvre des spéculations sur les marchandises anglaises à la foire de Leipzig'. A combien plus forte raison l’arrestation des marchands bâlois n’allaitelle pas faire réfléchir les fraudeurs?
En Suisse, ces nouvelles et les événements qui suivirent éclatèrent comme des coups de foudre. Ils arrêtèrent net les réclamations préparées dans d’autres cantons industriels et amenèrent à nouveau une extraordinaire tension des esprits. Qu’allait-il se passer? Des bruits circulèrent; Bâle allait être incorporée à la France, Schaffhouse était destiné à l’Electeur de Bade qui avait à plusieurs reprises formulé des prétentions sur certains districts-frontière. Un fait parut confirmer ces craintes; l’armée impériale ramenée d’Autriche traversait à ce moment l’Allemagne, une forte colonne, commandée par Ney, regagnait la France en longeant la frontière suisse. Comment dans les circonstances actuelles voir dans ce mouvement de troupes une simple coïncidence? On se rappelait le sort récent de la Hollande et, même aux hommes d’esprit pondéré, l’existence de la Confédération paraissait des plus douteuses. « Il m'est impossible, écrivait au Bourgmestre David de Wyss de Zurich son ami Meister, de ne pas partager l'inquiétude générale. Depuis longtemps, on n’avait rien publié d'aussi menaçant ÿ. »
Les Bâlois surtout vivaient dans leffroi et s’attendaient à voir leur ville occupée d’un instant à l’autre. Les allusions significatives de la presse française, l’arrivée des troupes impériales à Francfort et les perquisitions domiciliaires qui l'avaient accompagnée n'étaient pas pour les rassurer. En hâte, les commerçants mettaient à l’abri leurs marchandises en les expédiant en masse dans l’intérieur de la Suisse À,
1 Allg. Ziq., 18 juin 1806. Leipziger Ostermesse.
2 Lettre du 26 avril. Haug, p. 395.
3 J.-G. Muller était moins pessimiste et doutait que Napoléon portät jamais atteinte à l’Acte de Médiation qui était son œuvre.
Lettre du 10 mai; Haug, p. 397; — v. Wyss, I, p. 536.
4 Allg. Ztg., 1806.