Le système continental et la Suisse 1803-1813
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Jour leur complaisance pour la France, les gouvernements cantonaux mirent une telle précipitation dans l'exécution du programme indiqué, que beaucoup dépassèrent ce qu’on leur demandait. Ils appliquaient les uns envers les autres les formalités multipliées à chaque frontière cantonale et nécessaires pour entraver le déplacement des marchandises anglaises, avec une telle rigueur qu’il devait s’en suivre à bref délai la ruine de tout trafic intérieur et de tout transit.
Les gouvernements compromis cherchaient tout particulièrement à se faire pardonner leur négligence par une recrudescence de zèle. A Bâle, le Petit Conseil multipliait les gardes, les patrouilles faisaient fermer les portes de la ville, fouiller les voitures ; on organisait un service spécial de surveillance le long du Rhin?. On peut se figurer les pertes que cet état de siège amenait dans une ville habituée à retirer de gros gains d’un transit considérable.
Les cantons industriels de la Suisse orientale, Zurich, Saint-Gall, Appenzell observaient une modération relative. Le premier, par exemple, accordait quelques facilités aux marchandises destinées à la foire de Zurzach#. Le second autorisait encore la vente en détail des produits anglais déposés sur son territoire avant la promulgation du décret.
Les trois cantons furent d’accord pour excepter d’euxmêmes de la prohibition certains produits indispensables à leur industrie, comme les cotons filés anglais. Enfin, les
1 En quelques semaines, les dommages portés au commerce intérieur avaient pris de telles dimensions, que certains cantons s’en étaient émus. Berne avait donné à ses délégués à la Diète de juin comme instruction de combattre dans l’élaboration du nouveau système douanier toute proposition qui gênerait inutilement le transit.
Tillier I, p- 242.
2? Décret du 30 avril 1806. Gem. Schw. Nachr., 10 mai 1806; — Basler Neujahrsblatt, 1903, p. 3, 42.
$ Règlement zuricois du 8 mai 1806. Ces avantages étaient limités à la durée de la foire. Le gouvernement argovien faisait surveiller le marché de Zurzach par des commissaires spéciaux.
Bronner I, p. 153.