Le système continental et la Suisse 1803-1813
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pouvait soumettre directement à l'Empereur; il fallut s’adresser à Champagny. L’entretien assez long de ce ministre avec Wattenwyl se termina par ces paroles caractéristiques : « Il n’existe point de système défavorable contre la Suisse en particulier, disait Champagny. Le gouvernement français protège l’industrie et le commerce français par des lois générales. Si la Suisse souffre, nous en sommes fâchés, mais nous devons voir avant tout la France. Nos manufactures en Lissus de coton ont pris depuis quelques années, grâce à ces mêmes lois (décrets de brumaire et de février) un développement qui prouve incontestablement bonté du sysème... Si j'étais dans le cas d’offrir encore à sa Majesté un avis à ce sujet, je lui conseillerais très positivement d’écarter toute demande en faveur de l'introduction étrangère {.»
Il était difficile, après cela, de conserver la moindre illusion, ce qui n’empêchait pas Reinhard d'affirmer encore l'année suivante à la Diète, que seule la mauvaise réputation des Suisses comme contrebandiers rendait impossible un traité de commerce avec la France.
A défaut d’une amélioration de sa situation économique, la Suisse bénéficiait au moins de la période de détente politique qui succéda à la paix de Tilsitt et de l'insurrection de l'Espagne qui éloigna pour un temps l'Empereur. De temps à autre, on parlait encore de l'annexion à l'Empire du Tessin ou d’un canton de langue française, mais comparées aux émotions de 1806, 1807 comme 1808, furent en somme des années tranquilles. On put même tenir pour une faveur le remplacement à Berne du général Vial, qui avait dirigé les confiscations en 4806, par le comte Auguste de Talleyrand, frère du ministre, connu pour son caractère bienveillant et ses bonnes dispositions envers les cantons.
Tandis que les rapports impériaux dépeignaient sous un jour paradisiaque l’état de l'Europe et de la Suisse*, le dis-
1 Recès, 1808 ; — Gonzenbach, p. 77-78.
2 «L'Allemagne, la Suisse, l'Italie, la Hollande sont paisibles et n’atten-
Détente politique après la paix de Tilsitt.