Le système continental et la Suisse 1803-1813
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les cantons à deux doigts de la ruine. Les guerres, le bouleversement général de l'Europe, achèveront cette œuvre et améneront réellement la Confédération à l’état d’épuisement conforme aux intentions de l'Empereur. Les efforts désespérés des Suisses pour reconquérir leurs débouchés restent vains et la voix suppliante qu’ils font entendre à Paris reste étouffée par le bruit des armées en marche. Pendant ces trois années, le système continental aura atteint son degré d’oppression le plus intolérable, mais c’est aussi le moment où, par la force des choses, il croule de toutes parts, entraîné dans la chute de l'Empire.
Dès son début, l’année 1810 fut marquée par des faits inquiétants. Des rumeurs avaient signalé la prochaine annexion du Valais décidée par l'Empereur en juillet et mise à exécution le 12 novembre. L’ancienne alliée des cantons était incorporée à l’Empire et devenait le département du Simplon. De nouvelles mesures prohibitives provoquées en Italie par le mécontentement de l'Empereur préludaient à d’autres événements plus graves.
Aussitôt le décret de Trianon promulgué, les troupes françaises avaient fait leur apparition en Allemagne. Des commissaires avaient procédé sur une grande échelle, à Leipzig, à Francfort, dans le Holstein, le Mecklembourg, la Poméranie, à des confiscations et à des autodafés. Ces mesures avaient répandu dans toute l’Europe une vive inquiétude ; dans le nord particulièrement, les détenteurs de denrées coloniales, en proie à un effroi très naturel, s’efforçaient de mettre leurs biens à l’abri.
Incontestablement, il se produisit à ce moment, un reflux de marchandises menacées jusque vers la frontière suisse, sur Bâle et Schaffhouse. Ce mouvement n’avait pas échappé aux agents et aux espions français en Allemagme; il avait été immédiatement signalé par des rapports qui confirmèrent,
«Il faut désormais traiter les Suisses à peu près comme les Anglais. » Oechsli, p. 547.
Premier contre-coup du décret de Trianon
en Suisse.