Le système continental et la Suisse 1803-1813
Æéoer
plété par celui de Fontainebleau qui créait une juridiction spéciale avec peines draconiennes pour la répression de la contrebande (7 cours prévôtales et 34 tribunaux spéciaux), et prescrivait la destruction par le feu de toutes les marchandises reconnues anglaises.
Avec ces dispositions, le système continental avait atteint son point culminant. Jusqu'à présent, c'était sur la classe industrielle et commerçante qu'avait surtout porté le poids de la politique impériale. Maintenant, les masses habituées à la consommalion du sucre et du café se sentaient frappées à leur tour et toutes les couches de la population avaient à souffrir des tracasseries sans nom auxquelles donnait lieu l'exécution des nouveaux décrets. Dès ce moment, les peuples européens, liés de plus en plus au sort de l'Angleterre, sont prêts à se soulever.
Dans l’entourage immédiat de l'Empereur, on se rendait compte de cet état d'esprit. Le roi de Hollande refusait de se plier aux ordres donnés; Fouché, lui-même, déclarait «la corde trop tendue». Mais tout restait inutile; l'Empereur commençait à forger ses projets de domination mondiale. Il perdait la notion de l’obstacle.
Comme à l’égard de l'Angleterre, Napoléon devait constater avec irritation que son système n'avait pas amené, à l’égard de la Suisse, des résultats définitifs.
Fortement éprouvée d’abord par les prohibitions, celle-ci avait réussi à se procurer de nouveaux débouchés dans le nord de l’Europe. Elle s’était créé de nouvelles ressources, ses manufactures travaillaient, elle avait su mettre à profit la détente amenée dans le système continental et se trouvait dans une position sinon brillante, du moins supportable.
Nous assistons pendant cette phase aux derniers efforts de Napoléon pour anéantir le commerce et l’industrie suisses et leur enlever les quelques ressources qui leur restaient encore !. Le tarif de Trianon lui donnera l’occasion de mettre
1 L’Empereur le déclarait maintenant au prince Eugène sans restriction :