Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma, str. 125
LA TERREUR 113
attaquer ce débordement ultra-révolutionnaire, et se prendre corps à corps avec le parti que personnifiaient Robespierre et Marat.
La comédie de Jean-Louis Laya, intitulée l'Ami des Lois, œuvre de polémique ardente, œuvre surtout d'actualité, écrite avec conviction et chaleur, est moins une bonne pièce qu'une belle action, honorant assurément l'écrivain qui ne reculait pas devant la déclaration d'une guerre ouverte à de si redoutables adversaires, après la journée du 10 août et les mas-
sacres de septembre, En effet, dans cette pièce qui eut un immense retentissement, exerça une lufluence considérable sur la destinée du Théâtre-Français, et souleva contre lui de violentes animosités, Robespierre et Marat étaient représentés de la façon la plus transparente sous les noms, assez étranges, de Nomophage et de Duricrâne. Au surplus, léuteur lui- même manifeste clairement son intention, à cet égard, dans
sa préface ;
Mes fripons vinssent-ils de Rome ou de Pékin,
Auront non pas le cœur, mais le visage humain. Puis-je empêcher les gens, en bonne conscience,
De venir, dans leurs traits, chercher leur ressemblance.
La première représentation en eut lieu le 2 janvier 1793. L’empressement du publie fut tel, qu'un nombre considérable de curieux, qui n'avaient pu trouver de place dans la salle, passa, à la porte du théâtre, la nuit entière et même la journée du lendemain, pour assister à la deuxième représentation.
Un enthousiasme indescriptible, des applaudissements frénétiques accueillirent cette œuvre vengeresse, à l'adresse des hommes de violence et de sang qni préparaient le règne odieux de la Terreur. On peut dire que toutes les nuances antianarchistes s’unirent dans une unanime explosion de chaleureuse ap-