Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma, str. 124
112 LE THÉATRE-FRANÇAIS PENDANT LA RÉVOLUTION
Déjà, se manifeste un désaccord flagrant avec les sentiments qui prédominaient, dans cette première périoile, et se traduisaient par des sentences enthousiastes, dithyrambiques, telles que celles-ci, inscrites au bas des bustes et portraits de Louis XVI :
Espoir de l’âge d'or, Père des Français et roi d’un peuple libre!
On se passionnait pour tout alors; un besoin d’action, une surabondance d'idées, une sorte de courant électrique semblaient secouer cette génération effervescente; un vent d'insurrection politique, sociale, religieuse, littéraire soufflait sur toutes Les têtes.
Combien auraient pu s’écrier, avec le héros des Brigands de Schiller : « Mon âme a soif d'action et mes poumons ont soif de liberté! »
Tandis que les nobles et leur entourage s’acharnaient encore au passé, qu'ils défendaient désespérément, la génération nouvelle rêvait la République d'Athènes avec toutes ses sédluctions décevantes, que ne devait pas tarder à dissiper et faire évanouir l’ère sanglante de la Terreur, dans laquelle nous entrons.
On avait déjà vu se révéler les premiers assauts livrés à « ces prêtres exploiteurs qui, disait-on alors, imatntenaient l'homme dans les marais de la superstition. » — « L'humanité, disait-on encore, marche aujourd'hui éclurée par le flambeau de la philosophie et les torches vengeresses de la Révolution. » Ces sentences emphatiques et déclamatoires se reproduisaient, sur le théâtre, dans des pièces composées spécialement pour les mettre en relief et en action.
Au moment où, sur un certain nombre de scènes secondaires, se déchaïnaient déjà les idées les plus antiroyalistes, alors que s'instruisait, devant la Convention, le procès de Louis X VE, il se trouva un auteur dramatique assez hardi, assez courageux pour