Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma, str. 143

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crimes qu'entraînent la licence et l'anarchie, à ramener tous les citoyens vers un centre commun, le bonheur public, qui n'existera jamais sans gonvernement, sans ordre, sans respect des lois. » (Suit une analys2 succinte de lu pièce.)

« L'action est très simple, mais l'intérêt est ménagé de mauaière qu'elle attache jusqu’à la fin: c'est surtout un ouvrage de style, et dans cette partie l’auteur a, parfaitement réussi; le patriotisme, la philanthropie, ont ajouté à son talent. Cette pièce mérite d'être suivie; et il est à désirer qu'elle soit jouée promptement dans toute la France; on n’en fera pas sans doute une affuire de pur di, cela ne se pourrait pas sans injustice. On sent, à cha: que pas, que ce n’est point l'ouvrage d’un homme de parti, mais celui d'un citoyen vertueux, d’un poète seusible, honnête, qui veut l'affermissement de la liberté par les lois, le retour de l’ordre, après une agitation nécessaire, en un mot le bonheur de la patrie. Et n'est-ce pas là que les gens de bonne foi de tous les partis doivent se rallier?

« Laya a été demandé. Il a paru et a reçu les plus justes et les plus vifs applaudissements. »

Cette chronique donne bien l’expression exacte et fidèle des sentiments de la partie modérée de la population à cette époque, ainsi que d’espérances et d’illusions qui devaient prochainement s'évanouir.

Toutefois, ne partageant pas l'opinion et la quiétude de la Gazette nationale sur les conséquences de sa pièce, et pour prévenir les coups qu’il prévoyait bien que la faction jacobine allait lui porter, Laya crut devoir prendre les devants, en offrant son ouvrage à la Convention nationale. C’est à la séance du 10 janvier 1793, sous la présidence de Treilhard, que cet hommage eut lieu. La lettre d'envoi de Laya était ainsi conçue :