Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

LA TERREUR 151

«Pétion. — Cet objet est assez intéressant pour fixer l'attention de la Convention. Dans .quelques circonstances que ce soit, ceux qui aiment la liberté doivent en soutenir les principes. J’estime que l'arrêté du conseil exécutif blesse les principes. Que les magistrats appellent les directeurs de théâtre et leur représentent qu'il est imprudent de jouer telle ou telle pièce : cela est bien; cela & même déjà réussi. Mais c’est gêner la liberté que de défendre en général de jouer des pièces qui peuvent troubler l’ordre public parce qu'on ne sait pas jusqu'où porte cette défense. Je vais plus loin : Je soutiens que l'arrêté

du Conseil exécutif va contre le décret que vous :

avez rendu samedi, puisqu'il s’est permis de le limiter aux pièces qui n’avaieut point excité de troubles. Je demande que cette partie de l'arrêté du Conseil exécutif qui viole la loi que vous avez rendue soit cassée.

Lecarpentier combat la proposition de Pétion et demande l’ordre du jour.

A ce moment, Goupilleau donne lecture d’une lettre du commandant général de la Garde nationale, Santerre, en réponse à celle qui lui avait été écrite par le comité de sûreté générale. Dans cette lettre, il se plaint d’avoir été, ainsi que deux officiers municipaux, insulté la veille au théâtre de la Nation par les citoyens qui étaient au parterre.

Guadet s'exprime ainsi : — La cassation de l’arrêté du Conseil exécutif est prouvée par les faits contenus dans la lettre qu’on vient de lire. Le manquement de respect pour les magistrats vient précisément de la défense de jouer la pièce. La pièce avait été jouée plusieurs fois, et il n’y a eu de désordre que lorsqu'on a défendu de la jouer; et il y avait opposition parce que la municipalité avait violé les principes de son décret.