Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

LA TERREUR 153

L'ordre du jour mis aux voix est rejeté.

Par contre, la Convention adopte la proposition de Pétion.

Danton prend alors la parole : — Je l’avouerai, citoyens, je croyais qu’il était d’autres objets qui doivent nous occuper que la Comédie, (Quelques voix : « Il s’agit de la liberté ! »)

Oui, il s’agit de la liberté. Il s’agit de la tragédie que vous devez donner aux nations; il s’agit de faire tomber sous la hache des lois la tête d’un tyran (on murmure), et non de misérables comédies. Mais, puisque vous cassez un arrêté du Conseil exécutif qui défendait de jouer des pièces dangereuses à la tranquillité publique, je soutiens que la conséquence nécessaire de votre décret est que la responsabilité ne puisse peser sur la municipalité!

Je demande donc que la municipalité soit déchargée de sa responsabilité.

Cette nouvelle proposition est énergiquement combattue par Pétion :

— Le langage que vient de tenir à la tribune un ancien magistrat, réplique-t:il, a droit sans doute de vous surprendre tous.

Vous venez de rendre un décret qu’il ne nous était pas permis de ne pas rendre. Vous avez consacré un principe que vous ne pouviez pas méconnaître. Le pouvoir exécutif a outre-passé ses limites. Il a violé la plus sainte des lois: La liberté; son arrêt est conçu en termes généraux; il est attentatoire à la liberté de la presse. C’est toujours en interdisant aussi vaguement ce qui pourrait occasionner du trouble, qu'on a, sous l’ancien régime, enchaîné toutes les espèces de libertés.

La loi met les pièces de théâtre sous la responsabilité des auteurs et des acteurs; voilà la responsabilité, la vraie, la seule responsabilité.

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