Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

LA TERREUR 151

Les partisans de l'interdiction, ainsi que les orateurs de la Convention, disent: « La pièce est évidemment dirigée contre la Révolution française, que nous ne laisserons pas salir.. Ce sont les mêmes hommes aux prises avec les mêmes ennemis. Oui, ce que nos aïeux ont voulu, nous le voulons encore...» Il n’est pas jusqu'aux détails de la discussion qui n'offrent d’étranges similitudes, car, à l'instar du conventionnel Salles, qui demande « qu'on mette à « J'instant en scène les véritables personnages et qu’ils « donnent à l'Assemblée une représentation de l’Ami « des Lois, » un député déclare ne pas connaître Thermidor, et ajoute : « Il faut jouer la pièce ici. »

En résumé, à quatre-vingt-dix-huit ans de distance, c’est encore au nom des principes de la République et de la Révolution, qu’on fait subir un nouvel échec, qu’on impose une nouvelle entrave à la liberté de l'écrivain et de l’art dramatique (1).

Nous venons de voir ce qui se passa au théâtre de la Nation, au sujet de l'Ami des Lois, le dimanche 20 janvier 1793. Le lendemain, lundi 21, où avait lieu, à 10 heures du matin, l'exécution de Louis XVI, condamné dans la nuit du 18 janvier, aucun théâtre de Paris ne fit relâche

Au théâtre de la Nation, le spectacle se composait de l'Enfant prodigue de Voltaire et de l'Esprit de contradiction de Dufresny.

Il n’est pas indifférent de constater le résultat

financier de cette représentation : Aucune loge n’est louée. e

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(i) Pour avoir droit à la protecéion de la censure, il faut être Mahomet ou Robespierre, a dit M. d'Haussonville dans son discours à l'Académie, lorgæ de Ja récegtioïfle M. de Bornier. D S

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