Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

156 LE THÉATRE-FRANÇAIS PENDANT LA RÉVOLUTION:

Avec cette œuvre courageuse, disparaissait le dernier effort du parti constitutionnel et modéré, bientôt proscrit avec les Girondins, qui en étaient la principale représentation, et formaient la seule digue opposée à l’envahissement du flot populaire et démagogique. À la suite des débats qui se déroulèrent, au cours du mois de janvier 1793, à la Convention, si, franchissant un cycle presque séculaire, on se reporte à la séance de la Chambre des députés du 29 janvier 1891, quelle singulière coïncidence, que de points de comparaison frappent l'esprit, entre ces deux Assemblées, à si longue distance!

En effet, dans la discussion relative à l'interdiction de la pièce de Victorien Sardou, Thermidor, représentée au Théâtre-Français, c’est une génération nouvelle d'hommes politiques, mais les passions qui les agitent sont les mêmes, avec une ardeur, une âpreté, une violence au moins égales, sinon avec encore plus d'intensité.

Les mêmes principes y sont soutenus et discutés de part et d'autre. C’est aussi la liberté de la pensée, de l'art dramatique qu'on invoque, qu'on réclame, en même temps que le maintien de l’ordre publie.

« Thermidor, dit-on, est dirigé non contre la République, mais contre Robespierre, car ia République, c’est la liberté, Robespierre c’est le despotisme. »

Dans l’Ami des Lois, c'était aussi Robespierre et Marat qu'on attaquait, non les pringipes républicains. « La pièce de Sardou, ajoute-t-on, n’est qu’une longue protestation, non contre la République qu'elle glorifie, mais cone la guillotine. » e :

Enfin l'interdiction de Thermigor est aussi qualifiée « d'abus d'autorité » comme Favaït, êté celle de l’'Ami des Lois. æ ?»