Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

LA TERREUR 159

rerez avec nous un patriote qu’un scélérat a assassiné, et nous vous invitons à ne pas ouvrir aujourd'hui votre spectacle.

Pour les administrateurs du département de la police,

VianeL (1).

IT

La patrie, la liberté, le bonheur du genre humain ont envahi le cœur des femmes. La vertu des temps romains, si elle n'est pas dans les mœurs, est dans l'imagination, dans l'âme, dans les nobles désirs...

Elles n'acceptèrent pas seulement le sacrifice, elles l’aimèrent, elles allèrent au-devant. La fortune, la nécessité qui croyaient leur faire peur, et venaient à elles les mains pleines de glaires, les trouvèrent fortes et souriantes, sans plainte molle, sans injure à la mort.

Cette société était ardente! il nous semble, en y entrant, sentir une brûlante haleine. É

Micuezer. (Les Femmes de la Révolution.)

La conquête de la Belgique, conséquence de la bataille de Jemmapes, gagnée, le 6 novembre 1793, sur les Autrichiens par le général Dumouriez, exalta l’ardeur patriotique et inspira la verve dramatique d’une femme qui peut être classée parmi les héroïnes de la Révolution: Marie-Olympe de Gouges. Sa physionomie étrange et curieuse, autant que ses relations étroites avec la Comédie-Française, lui donnent des droits indéniables aux quelques traits descriptifs que nous lui consacrons ici. Sa naissance était enveloppée d’une sorte de mystère romanesque,

(1) David fit alors un grand tableau reproduisant Lepelletier sur son lit mortuaire, pour consacrer « son martyre »; il était surmonté de cette inscription :

L'an 1793 — 2° de la République. A MicHez LEPELLETIER Assassiné pour avoir voté la mort du tyran. L.-J. Davip, son collègue.