Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

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et voici en quels termes elle s’exprimait à ce sujet dans une de ses brochures :

« J'avais des droits à la fortune et au nom d'un père célèbre; je ne suis point, comme on la prétendu, la fille d’un roi (1), mais bien d’une tête couronnée de lauriers; je suis la fille d'ün homme célèbre, tant par ses vertus que par ses talents littéraires. Il n'eut qu’une erreur dans sa vie, elle fut contre moi; je n’en dirai pas davantage. »

Unc opinion assez accréditée attribuait au Pindare montalbanais, au poète Lefranc de Pompignan, cette paternité, dont elle respecta, du reste, Scrupuleusement le secret.

Dès l’âge de quinze ans, la vivacité de son esprit et Sa grâce mutine avaient séduit un bourgeois de Montauban, nommé Aubry, assez âgé, mais fort riche, qui l’épousa. A seize ans, elle était veuve et à la tête de soixante mille livres de rente.

Elle vint alors chercher des consolations à Paris, et, ayant répudié le nom d'Aubry, pour reprendre celui d'Olympe de Gouges, elle Y mena, sous cette dénomination, la vie de femme à la mode.

Ce fut seulement vers l’âge de trente ans, après avoir gaiement, dans le tourbillon des plaisirs de tous genres, dévoré la fortune du père Aubry, qu’elle se lança, avec toute la fougue de son tempérament méridional, dans la littérature, mais surtout la littérature dramatique (2).

À l’aide de démarches, de sollicitations et d’une persistante obsession, elle était parvenue à faire recevoir au Théâtre-Français une pièce intitulée Zamor Sd Ne Ne tee 0 nn SEM N EU

(1) Louis XV.

(2) Le sacrifice de ma fortune et de mes veilles en faveur de la chose publique m'a réduite à la noble nécessité de vivre

actuellement de mes talents. (Préface du Général Dumouriez à Brucelles.) É