Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

LA TERREUR 165

Théâtre-Français : « Des personnes consommées dans la littérature m'ont assuré cette production bonne; à mon avis, il n’en est pas &e meilleure.

« Ce fut dans un rêve que j’achevai de la concevoir, Molière m'apparut, il me traça lui-même le plan que je viens de traiter. — Suis-le, me dit-il, je te promets que la Comédie reviendra sur ton compte. »

Et cependant, hélas! malgré cette intervention spirite, la prédiction du maître ne se réalisa pas.

L’exaspération causée par ce nouveau refus l’amena à provoquer l'acteur Fleury en duel. Le combat proposé par elle devait avoir lieu au pistolet, à quatre pas, chaque adversaire étant enfoui dans un trou jusqu'à mi-corps.

Cet étrange combat fut naturellement refusé par Fleury. Alors, pour se venger des refus réitérés des comédiens, voici ce quelle imagina : Elle composa un Mémoire contre la Comédie-Française, exposant compendieusement tous ses prétendus griefs. Ce Mémoire fut publié, précédé d’uneadresse aux représentants de la Nation, et portant ce titre singulier et significatif :

Les Comédiens démasqués, ou M® de Gouges ruinée par la Comédie-Française, pour se faire jouer (4).

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(1) Elle ne fut pas seule à se plaindre des refus des ComédiensFrançais. Le Cousin-Jacques (Louis-Abel Befñoy de Reigny), qui composa un certain nombre de pièces, opéras et opérascomiques joués sur diverses scènes, obtint un succès inouï, assurément le plus persistant, le plus prolongé de la période révolutionnaire, avec Nicodème dans la lune ou la Révolution pacifique, folie en prose et en trois actes, mêlée d'ariettes et de vaudevilles. L'édition publiée en 1791 chez l’auteur, au bureau d'abonnement du journal des Nouvelles lunes, rue Philypeaux, n° 15, portait cette mention : « Représentée pour la première fois au Théâtre-Français comique et lyrique, le 7 novembre 1790, et, pour la cinquantième fois, le lundi 21 février 1791. » — Mais la vogue ne s’arrêta pas là, car cette pièce qui, en 1796, avait déjà eu 363 représentations, jouée par un nommé Juliet, qui avait quitté l'état de traiteur pour se faire comédien, fut alors reprise au théâtre de la Cité, le 31 décembre