Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

LA TERREUR 181

rapport entre les brigands de Robert et les juges de la Conciergerie était parfaitement juste, car ils étaient tous de véritables assassins ».

Ils déclarent, en outre, que la représentation de cet ouvrage a été « l’une des causes qui ont détruit dans le peuple tout sentiment d'humanité ; qu’il a poussé une foule d'hommes égarés vers le crime et qu'il n'en à pas ramené un seul dans le sentier de la vertu ».

Malgré ce qu’il y a d’étrange à ériger une bande de brigands en redresseurs de torts et d'abus, cette opinion nous paraît d’une sévérité excessive et imméritée. Les événements politiques s’accentuant, ont bien pu prêter à un rapprochement fâcheux, mais qui n'entrait certes ni dans les intentions, ni dans les prévisions de l’auteur.

Le 27 juillet 1793, Luce de Lancival faisait représenter, sur le théâtre de la République, une tragédie intitulée Mucius Scœvola. Elle n'eut que quatre représentations, et succomba sous les sifflets de la secte des Jacobins, prétendant que Scœvola n’était qu'un modéré.

La dédicace de cette tragédie, adressée par l’exgrand-vicaire, l’ex-professeur de belles-lettres, son auteur, à la citoyenne Beaufort, dont il admirait le talent poétique, donne un nouvel exemple du style recherché et alambiqué qui fleurissait à cette époque si fertile en contrastes :

« J’ai balancé longtemps avant de vous offrir l’hommage de cette tragédie. Dédier Mucius Scœvola à l’auteur du roman de Zélia, de l’Idylle sur l'absence, de l’Idylle aux violettes! Je craignais d’effaroucher les Grâces, mais en me rappelant l’'Héroïde de Sapho, je me suis dit: La Muse de Beaufort est amie

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