Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

182 LE THÉATRE-FRANÇAIS PENDANT LA RÉVOLUTION

de Melpomène..…. et je vous ai dédié Scœvola » (1). L'influence tyrannique des Jacobins et de la Commune de Paris se manifeste, encore une fois, hautement, dans une décision prise, à la date du 2 août 1793, par la Convention nationale, à l’égard des théâtres. Sous la présidence de Daxron, Couron fit la mention suivante :

« Citoyens, la journée du 10 août approche, des républicains sont envoyés par le peuple pour déposer, aux archives nationales, les procès-verbaux d’acceptation de la Constitution.

« Vous blesseriez, vous outrageriez ces républicains, si vous souffriez qu'on continuât de jouer, en leur présence, une infinité de pièces remplies d’allusions injurieuses à la liberté, et qui n’ont d'autre but que de dépraver l'esprit et les mœurs publiques ; si, même, vous n'ordonniez, qu'il ne sera représenté que des pièces dignes d’être entendues et applaudies par des républicains.

« Le comité chargé spécialement d'éclairer et de former l'opinion, a pensé que les théâtres n'étaient point à négliger, dans les circonstances actuelles. [ls ont trop souvent servi la tyrannie, il faut qu'ils servent aussi la liberté! J’ai en conséquence l’honneur de proposer le projet de décret suivant :

« La Convention nationale décrète qu’à compter du 4 de ce mois, et jusqu’au 1% novembre prochain, sur les théâtres indiqués par le ministre de l’intérieur, seront représentées, trois fois par semaine, les tragédies républicaines telles que celles de Brutus, Guillaume Tell, Caïus Gracchus, et autres pièces

(1) Mucius Scæcvola, tragédie en 3 actes, représentée, pour la pemikre fois, le 27 juillet 1793 (vieux style), par le citoyen Luce, professeur de belles-lettres, en la ci-devant Université de Paris.

A Paris, chez Louvet, libraire, au Palais-Egalité: