Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

188 LE THÉATRE-FRANÇAIS PENDANT LA RÉVOLUTION

mencer le spectacle, par ordre du Comité du salut public de la Convention nationale, défense arriva de jouer la pièce (1).

Les comédiens prièrent, alors, l’auteur de retrancher les passages dans lesquels la malveillance pouvait puiser des prétextes d’interdit.

François de Neufchateau ayant consenti à opérer ces retranchements, la pièce fut affichée, le 2 septembre, « avec des changements et suivie des Folies amoureuses ».

L'auteur s’empressa d'adresser, le 1* septembre, à la Gazette nationale, une lettre où se trouve le passage guivant :

.….. « Je n’ai su que jeudisoir, bien avant dans la nuit, quels étaient les motifs de l’arrêté du comité. J'ai changé sur-le-champ ce qui, en 1793, avait paru prêter à des allusions que je n’avais pu prévoir lorsque je composais ma pièce, en 1788, et que je l’avais lue au Lycée, en 1789 et 1790.

« Le comité a vu et approuvé mes chingements.

« Un nouvel arrêté a donné main-levée de la suspension... « Cette pièce reparaîtra demain lundi. Je me suis rendu au désir de plusieurs patriotes qui paraissaient fâchés que Paméla se trouvât noble.

« Il est vrai que l'auteur y perd. Ce changement détruit une deuxième comédie en cinq actes, en vers, que j'étais tout prêt à donner, d’après deux Paméla maritata italiennes, et qui remplissaient mieux l’objet que l’on avait en vue.

« Mais je ne voulais pas laisser le moindre doute sur mes sentiments bien connus.

« La liberté est ombrageuse, un amant doit avoir

(1) Le lendemain et jours suivants on joua : La Mort de César, de Voltaire et Georges Dandin.