Le théâtre français pendant la Révolution 1789-1799 : avec plusieurs lettres inédites de Talma

LA TERREUR à LOL

ANDREWS.

Milord, il est ès vrai, contre les réformés,

Par un zèle fougueux, mes bras furent armés,

Je croyais venger Dieu! — Mais dans ma solitude, L'âge, l'expérionce, une tardive étude,

Ont dessillé mes yeux : j’ai connu mon erreur,

Et j'ai de nos chrétiens détesté la fureur.

L'on fit Dieu trop longtemps à l’image de l’homme. De courageux esprits, bravant Genève et FLE Ont enfin démasqué le fanatisme affreux,

Et quiconque sait lire est éclairé par eux.

Il n’est plus d’ignorant que celui qui veut l'être. L'erreur a pu fonder la puissance du prêtre;

Mais sur l’homme crédule un empire usurpé

Doit cesser aussitôt que l’homme est détrompét! L’Angleterre l'éprouve, et des sectes rivales,

Elle oublie aujourd’hui les discordes fatales. Chacun prie à son gré, les amis, les parents Suivent, sans discuter, des cultes différents.

Eh! qu'importe qu’on soit protestant ou papiste? Ce n’est point dans les mots que la vertu consiste. Pour la morale, au fond, votre culte est le mien; Cette morale est tout, et le dogme n’est rien.

Ah ! les persécuteurs sont les seuls condamnables, Et les plus tolérants sont les plus raisonnables !…

Le spectateur qui, comme un forcené, avait lancé une violente protestation contre des maximes qui, aujourd’hui, nous paraissent seulement empreintes d’une philosophie religieuse fort large, facile et tolérante, avait, en quittant la salle, vociféré qu'il se vengerait. Toutefois, la pièce put se terminer sans autre incident, et le spectacle finit même par l'Ecole des Bourgeois.

Mais la réalisation des menaces proférées par le patriote exalté ne se fit pas attendre longtemps.

Le théâtre dela Nation fut signalé comme un foyer contre-révolutionnaire, un repaire d’aristocrates où

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